Elles surviennent de toutes parts; Des femmes, rien que des femmes, de la rue Neuve, de la rue Esquermoise ou de la rue Nationale. Elles viennent souvent à plusieurs, parfois accompagnées de leurs enfants, rarement de leur mari ou compagnon.

Toutes affluent vers le centre d'un même élan, d'une même volonté. Le soleil s'est senti concerné, il a voulu leur rendre hommage, lui aussi, timidement d'abord puis ostensiblement ensuite. Les conversations vont bon train, les rires aussi. Elles savent que ces moments n'appartiennent qu'à elles, qu'ils sont précieux alors elles en profitent, après tout aujourd'hui c'est leur fête !

Les voix masculines au micro sont remplacées par une plus suave et dynamique, une voix féminine, c'est le signe de ralliement. Elles ne sont que quelques-unes à suivre l'échauffement collective, mais l'animatrice a les arguments pour attirer les autres hésitantes. Le groupe devant le car podium s'étoffe et elles de prennent eu jeu : la musique rythmant les bras en l'air devant, les jambes fléchies, le tronc vers la gauche, vers la droite...des rires fusent, l'ambiance est définitivement à la fête; la fête de la femme.

A 10h00, elles sont toutes prêtes, serrées les unes contre les autres devant la ligne de départ. Ce sont les coureuses qui s'élanceront en premier, puis les enfants et enfin les randonneuses avec en tête de file madame le maire de Lille, Martine Aubry. Coup de pistolet et elles s'envolent. La masse compacte s'étiole. A peine les cent mètres parcourus que les meilleurs s'échappent déjà. A l'arrière, l'objectif sportif n'est pas le même, on parle, on s'amuse. A l'entame du 2^ème tour, Stéphanie LEGRAND et Ana LO GUIDICE déboulent en tête,

suivies de Sandra DEMOL et un peu plus loin de Claire DUBOIS. Les enfants suivent, pour eux la course est terminée. 13'30 plus tard c'est Stéphanie LEGRAND qui franchit la ligne d'arrivée, Ana parvient à terminer 2^ème 24 secondes plus tard mais juste 3 secondes devant Sandra. Claire conserve sa 4^ème place devant Antonina FREMAUX.

Stéphanie : "J'ai déjà fait une compétition jeudi, je voulais donc participer à une petite course, facile. C'est un bon entraînement dans des conditions très sympas. J'ai déjà participé il y a deux ans, c'était beaucoup plus log et on passait dans le bois. Je suis partie au début du 2^ème tour, j'ai vu qu'Ana n'était pas très bien. J'aime bien l'animation qu'il y a autour, je suis venue surtout pour ça".

Ana : "Je suis venue pour faire une séance de foncier, c'est moins difficile de le faire avec du monde que seule. Mais je suis une spécialiste du 800m, alors j'ai trouvé ça long, j'ai lâché au 2^ème tour. Ça m'a quand même paru dure mais je suis ravie de l'avoir faite. Le parcours est sympa mais on est un peu gênée par les passants à la fin".

Sandra : "Je devais courir à douai mais comme j'ai fait un 15kms la semaine dernière; j'ai préféré faire une course plus courte. Mais c'est un peu trop court pour mois qui fait du 10kms. A la fin je revenais sur la 2^ème, il aurait fallu 1 kilomètre de plus. Mais j'ai trouvé la course géniale, l'ambiance est super, en plus on a une rose à l'arrivée, c'est une bonne idée".

Claire "ça n'était pas facile, je n'avais pas de bonnes sensations, mais je suis contente de l'avoir faite, c'est un bon exercice pour l'entraînement. L'an passé, il n'y avait qu'un tour, 2 boucles c'et mieux, ça passe plus vite, mais il y a beaucoup de passants rue Neuve et rue de Béthune et comme on y passe deux fois. J'aime beaucoup cette course au cœur de Lille, j'essaie de la faire chaque année".

Les randonneuses, le plus souvent en groupe, arrivent bien après. Il y a des mères de famille venues avec leurs enfants "C'est très sympa, je suis venue avec mes deux filles. La plus grande voulait courir mais il lui maquait un an. C'est parcours que je connais bien, que j'arpente très souvent, sauf Quai du Wault, là-bas il n'y a pas magasin".

Chaque femme reçoit sa rose blanche à l'arrivée. Mais ce n'est pas terminé, la voix féminine remplit l'air à nouveau. Cette fois-ci les sportives ne se font pas priées, elles se précipitent pour la récupération collective.

La récupération finie, elles ne se semblent pas pressées de partir. Elles savourent encore ces moments précieux, cet hommage qui leur a été offert, à ces femmes et à travers elles, toutes les femmes du monde, opprimées, emprisonnées, à l'image d'une Ingrid Bétancourt, ces combattantes pour la dignité et la liberté.